Texte intĂ©gral Les hommes ont repris leur place Ă la maison et dans les champs, un peu surpris des changements intervenus ici et lĂ [...]. Ceux dont la femme a eu la charge de tout pendant quatre ans ont plus de mal Ă reprendre le train dâavant. Il leur faut s'imposer de nouveau Ă leur place. Et la femme a pris de telles habitudes, a tellement peinĂ© nuit et jour qu'elle abandonne difficilement ses prĂ©rogatives. Quelques hĂ©ros couverts de mĂ©dailles n'arriveront plus jamais Ă commander. Il est vrai que nous avons des femmes fortes, c'est bien connu ».Pierre Jakez HĂ©lias, Le cheval d'orgueil. MĂ©moires d'un breton du pays bigouden, Plon, 1975, p. 64. La guerre qui exalte les valeurs viriles et opĂšre une sĂ©paration radicale des hommes et des femmes ne me paraĂźt pas favorable Ă une Ă©volution des rĂŽles sexuels ».Françoise ThĂ©baud, La femme au temps de la guerre de 14, Stock, 1986, p. 299. 1Cette divergence d'apprĂ©ciation quant au rĂŽle de 14-18 sur l'Ă©volution de la condition fĂ©minine, et donc du rapport entre les sexes, tĂ©moigne des remises en cause et des progrĂšs de l'historiographie. Elle illustre aussi l'Ă©cart entre la mĂ©moire qui utilise le passĂ© et l'histoire qui cherche Ă le comprendre. 1 Anne Kerhuel, Les Bretonnes avaient de l'avance » dans Le Monde, 30 novembre 1978, p. 4 la f ... 2En 1975, le mĂ©morialiste Pierre Jakez HĂ©lias reconstruit un monde perdu alors que la cause des femmes et le renouveau rĂ©gionaliste s'affirment. Il est d'ailleurs remarquable que dans les annĂ©es 1970 et 1980 plusieurs auteurs s'efforcent de montrer une avance » des Bretonnes dans des Ă©crits qui mettent en exergue les spĂ©cificitĂ©s rĂ©gionales1 Cette double interrogation sur les rapports entre la mĂ©moire et l'histoire, entre l'Ă©volution gĂ©nĂ©rale et l'Ă©volution rĂ©gionale, sous-tend cette Ă©tude sur le rĂŽle de la guerre de 14- 18 dans les reprĂ©sentations du genre en Bretagne et Ă propos de la Bretagne. C'est Ă partir de supports iconographiques et de discours porteurs des stĂ©rĂ©otypes les plus courants que je tenterai d'analyser les reprĂ©sentations du masculin et du fĂ©minin concernant la Bretagne avant, pendant et aprĂšs la Grande Guerre. La Bretagne d'avant 1914,des reprĂ©sentations fĂ©minines dominantes 2 Daniel Imbert, L'HĂŽtel de Ville de Paris genĂšse rĂ©publicaine d'un grand dĂ©cor », dans Le triom ... 3 Philippe Le Stum, La Bretagne dans l'affiche touristique. 1880-1935 », dans Cahiers de l'Iroise, ... 3En 1888, le conseil municipal de Paris lance un concours pour la dĂ©coration de l'HĂŽtel de Ville. Pour la salle des fĂȘtes, des scĂšnes allĂ©goriques sont imposĂ©es. Le peintre François Ehrmann propose, parmi d'autres esquisses, une reprĂ©sentation de la Bretagne sous la forme d'une femme en coiffe tenant un gouvernail. Son projet est retenu et fait l'objet d'une commande en 18912. Cette image est emblĂ©matique d'une certaine perception de la Bretagne qui donne Ă la femme une place centrale. Elle prend appui sur la survalorisation de la Basse-Bretagne3 et le rĂŽle attribuĂ© aux femmes de marins. En 1907, Camille Vallaux Ă©crit dans un livre de gĂ©ographie 4 Camille Vallaux, La Basse-Bretagne. Ătude de gĂ©ographie humaine, Ăd. CornĂ©ly et Cie, 1907, p. 71. Dans la maison du marin, la femme gouverne. Il ne peut en ĂȘtre autrement car le marin-paysan possĂšde Ă terre des intĂ©rĂȘts qu'il ne peut surveiller lui-mĂȘme. Sa maison, sa vache, son champ de choux et de pommes de terre rĂ©clament des soins aussi importants que ceux de la barque et du filet. La femme bĂ©nĂ©ficie de la direction Ă©conomique qui lui est confĂ©rĂ©e ; aux nombreuses absences de son mari, elle doit aussi une libertĂ© d'allure, un quant Ă soi trĂšs accentuĂ©. Cette domination de la femme se vĂ©rifie aisĂ©ment dans les districts oĂč les marins font nombre [...]. D'Ă©conomique, la domination de la femme dans la maison du pĂȘcheur devient morale par une transition naturelle. La femme compte par ses conseils autant que par ses travaux. Rien ne se fait sans elle, tout se fait par elle4 ». 5 L'Illustration. 24 aoĂ»t 1904, n° 3052, p. 129. 6 Ibidem, 11 aoĂ»t 1906, n° 3311, p. 91. 4Cette focalisation sur la place de la femme, par les observateurs de la Bretagne Ă la Belle Ăpoque, est confirmĂ©e par l'Ă©tude de L'Illustration. De 1900 Ă 1914 cette revue, destinĂ©e Ă un lectorat français aisĂ©, publie 77 documents iconographiques concernant la Bretagne. Sur 69 d'entre eux des femmes sont figurĂ©es, trĂšs souvent sans les hommes. Dans 64 cas, elles portent un costume traditionnel. La rĂ©partition thĂ©matique dessine les contours d'un systĂšme de reprĂ©sentations. Les photographies et les dessins de femmes participant Ă des pardons dominent 17 occurrences et sont rĂ©currents 1901, 1905, 1911, 1914. La revue voit dans cette pratique religieuse un tĂ©moignage d'archaĂŻsme Il [le pardon] reste au dĂ©but du xxe siĂšcle en pleine activitĂ© de civilisation, l'Ă©vocation la plus Ă©tonnante des Ăąges disparus [...]. Tout concourt Ă lui donner ce caractĂšre de flagrant anachronisme5 ». Le second thĂšme le plus reprĂ©sentĂ© est celui de la dĂ©fense de l'Ăglise catholique par les femmes contre l'Ătat laĂŻque lutte contre l'expulsion des congrĂ©gations en 1902 11 documents, contre les inventaires en 1906 et 1907 2. La Bretonne incarne ainsi, dans son apparence et dans ses actes, la gardienne des traditions et de la foi. On peut noter que, quand L'Illustration propose des images de femmes en Bretagne Ă©chappant Ă ce registre convenu, elle met en scĂšne des Parisiennes, par exemple Ă Dinard en 1906 Ă l'heure du bain6 ». 7 Jean-François Botrel, La Paimpolaise histoire d'une chanson 1895-1995 », dans Le Pays de Din ... 5Les deux stĂ©rĂ©otypes fĂ©minins les plus connus avant 1914 participent aussi de ce systĂšme de reprĂ©sentations. En 1895, ThĂ©odore Botrel compose La Paimpolaise en empruntant largement Ă PĂȘcheur d'Islande de Pierre Loti. La chanson connaĂźt un succĂšs trĂšs rapide Ă Paris, puis en Bretagne mĂȘme oĂč il semble bien s'ĂȘtre produit une forme d'adhĂ©sion identitaire7 ». La femme qui attend au pays breton » incarne la fidĂ©litĂ© Ă l'homme mais aussi au pays et Ă la religion. Cette fonction de la femme qui reste, La Paimpolaise, est aussi largement celle de la femme qui part, BĂ©cassine. En crĂ©ant en 1905 pour les jeunes lectrices de La Semaine de Suzette le personnage de la petite bonne Ă tout faire » bretonne placĂ©e Ă Paris, Jacqueline RiviĂšre et Joseph Porphyre Pinchon cherchent Ă faire rire leur public enfantin des maladresses et des bĂ©vues commises par BĂ©cassine. Mais ses Aventures sont aussi le reflet de conceptions du monde. Domestique fidĂšle de la marquise de Grand Air dans le faubourg Saint-Germain, la Bretonne est le faire-valoir d'un monde dominĂ© par le conservatisme social dont les valeurs sont l'ordre, l'Ă©conomie, le travail et la religion. Nigaude sĂ»rement, mais sympathique aussi, elle sert Ă promouvoir ce systĂšme de rĂ©fĂ©rences auquel elle adhĂšre. 6Ă la veille de la PremiĂšre Guerre mondiale, les clichĂ©s et les stĂ©rĂ©otypes les plus communs sur la Bretagne sont largement fĂ©minins. La femme est souvent reprĂ©sentĂ©e comme celle qui tient le foyer, garde le cap ou tient la barre ; cette premiĂšre image n'en fait pas pour autant un agent de la modernitĂ© car elle est reprĂ©sentĂ©e, aussi et surtout, comme la gardienne d'un monde traditionnel dominĂ© par la religion ou les superstitions. Pendant la guerre, une nationalisation des images du genre 7La guerre change la rĂ©partition et la fonction des images proposĂ©es au lecteur par une presse qui participe Ă la mobilisation gĂ©nĂ©rale. L'Illustration consacre six articles Ă la Bretagne entre 1914 et 1918. Tous ont un objet militaire, et seuls des hommes figurent dans l'iconographie qui les illustre. Mais les hommes ne sont pas reprĂ©sentĂ©s dans leur seule activitĂ© guerriĂšre. Leur fonction symbolique s'Ă©largit, supplĂ©e celle des femmes restĂ©es Ă l'arriĂšre. Ainsi, en juin 1915, la photographie de fusiliers-marins embellissant une tombe dans le cimetiĂšre de Nieuport est prĂ©sentĂ©e comme un transfert d'une activitĂ© fĂ©minine 8 L'Illustration, 26 juin 1915, n° 3773, p. 651. Nos hĂ©roĂŻques Fusiliers-marins apportent dans les Flandres ce culte des tombes qu'ils entretiennent si fidĂšlement dans leur Bretagne. Comme leurs mĂšres seraient allĂ©es chercher pour eux de beaux coquillages Ă aligner sur leur tombeau, ils ont trouvĂ© dans les ruines des maisons bombardĂ©es de Nieuport des carreaux de faĂŻence avec lesquels ils composent une croix8 ». 9 Ibidem, 3 juillet 1915, n° 3774, p. 1. 10 Ibidem, 26 aoĂ»t 1916, n° 3834 pour Mathurin MĂ©heut, 5 mai 1917, n° 3879 pour Jean-Julien Lemordant 8Les hommes en guerre deviennent les reprĂ©sentants de l'identitĂ© et du talent rĂ©gional tels ces soldats jouant de la bombarde et du biniou9 ou les peintres combattants Mathurin MĂ©heut et Jean-Julien Lemordant mis en avant dans L'Illustration10. 9Les stĂ©rĂ©otypes fĂ©minins d'avant-guerre sont mis au service de la nation dĂ©fendue par les hommes. ThĂ©odore Botrel, engagĂ© volontaire devenu chansonnier des armĂ©es », adapte la version de La Paimpolaise aux circonstances. En 1917, la librairie Larousse publie dans une collection pour la jeunesse les Refrains de guerre de Botrel. La version, rĂ©putĂ©e improvisĂ©e en mars 1917, transforme le pĂȘcheur mĂ©lancolique en protecteur viril de la femme restĂ©e au pays Mais soudain voici que la GuerreNous appelant tous au combat"Le marin pĂȘcheur" de naguĂšreDevient "un col bleu" de l'ĂtatEt le pauvre gĂąs Carte postale patriotique inspirĂ©e par le recueil de Botrel Autour des lits guerre virilise lâhomme et rend le militaire plus sĂ©duisant. Page de garde de BĂ©cassine chez les AlliĂ©s, 1918. BĂ©cassine terrasse le boche » mais seulement par hasard et le temps du tournage d'un film. 11 Refrains de guerre de Botrel le chansonnier des armĂ©es, Librairie Larousse, 1917, p. 11. Soupire tout bas Je serais bien mieuxDevant un joli feu d'ajoncMais je dĂ©fends laPaimpolaiseQui m'attend au pays breton11 ». 10Une Ă©tape supplĂ©mentaire est franchie dans une autre version qui masculinise le titre de la chanson et dans laquelle le hĂ©ros place son amour de la France au-dessus de celui de sa Paimpolaise 12 ThĂ©odore Botrel, Le Paimpolais » dans L'Ăcho des armĂ©es. Chants du Bivouac, novembre 1914, p. 2. J'aime Paimpol et sa falaiseSon Ă©glise et son fin clocherJ'aime encore mieux ma PaimpolaisePlus encore ma France en danger12 ». 13 Louise Bodin 1877-1929 installĂ©e Ă Rennes en 1898 aprĂšs son mariage avec un professeur de l'Ăc ... 11La popularitĂ© du chansonnier incite des Ă©diteurs de cartes postales Ă mettre en images des adaptations de productions de Botrel, comme les Contes du lit clos, dans lesquelles la femme, sur fond de dĂ©cor breton typique », semble vouĂ©e au repos du guerrier » et Ă alimenter les fantasmes des Poilus au front. Ce nationalisme outrancier et cette vulgaritĂ© sont insupportables pour la fĂ©ministe socialiste rennaise Louise Bodin13. Elle propose en 1917 un texte Ă La PensĂ©e Bretonne contre le botrĂ©lisme 14 CitĂ© par Colette Cosnier, La Bolchevique aux bijoux. Louise Bodin, Pierre Horay, 1988, p. 74. Botrel ne pouvait ĂȘtre que Botrel, au cĆur content, content de peu [...]. Il nous suffit d'indiquer le malaise dont nous sommes saisis lorsque nous nous arrĂȘtons Ă certaines chansons qui ne peuvent que nous ridiculiser, nous abaisser dans l'esprit de notre ennemi. Certaines abominables cartes postales de haine puĂ©rile, de plaisanterie grossiĂšre, qui se sont vendues chez nous, nous ont fait Ă©prouver le mĂȘme malaise et monter au visage le rouge de l'humiliation14 ». 15 Caumery et Pinchon, BĂ©cassine pendant la guerre, Gautier-Languereau, 1915 ; BĂ©cassine chez les All ... 12BĂ©cassine est, elle aussi, convoquĂ©e pour promouvoir le patriotisme. Les trois albums publiĂ©s durant la guerre15 font se succĂ©der les exploits d'AnaĂŻck Labornez, la petite bonne bretonne, promue au rang de modĂšle. Son courage Ă©gale, voire surpasse, celui des hommes dans des circonstances pĂ©rilleuses. Mais cette apparente promotion fĂ©minine connaĂźt des limites. D'une part BĂ©cassine est hĂ©roĂŻque presque malgrĂ© elle, agissant par hasard et par impulsion non par raisonnement ; elle reste, selon l'expression de la marquise de Grand Air, une jeune fille qui n'a pas de cervelle mais tant de cĆur ». D'autre part son champ d'action dans la guerre reste limitĂ© par sa condition fĂ©minine. Elle n'a que l'apparence militaire. Alors qu'elle rĂȘve d'ĂȘtre cantiniĂšre, elle est mobilisĂ©e comme receveuse de tramway. Elle terrasse, seule, un soldat allemand, mais il s'agit du tournage d'une scĂšne de cinĂ©ma. Les jeunes lectrices de ces albums dĂ©couvrent la participation des femmes Ă l'effort de guerre, mais aussi que la guerre vĂ©ritable, celle des hommes, est ailleurs dans un front ou un avant » mythifiĂ©. 13Que La Paimpolaise et BĂ©cassine soient bretonnes importe dĂ©sormais peu car la propagande de guerre pousse Ă une homogĂ©nĂ©isation nationale des reprĂ©sentations du genre. StĂ©rĂ©otypes rĂ©gionaux et images de la petite patrie » ne sont plus que des outils au service de la grande patrie ». L'affiche rĂ©alisĂ©e par le peintre concarnois ThĂ©ophile Deyrolle pour la journĂ©e du FinistĂšre » du 10 octobre 1915 est de ce point de vue exemplaire. Au premier plan, l'homme en uniforme marche, fusil Ă l'Ă©paule, d'un pas dĂ©cidĂ© ; au second plan, sa femme, en costume breton, le suit, admirative, un enfant dans les bras. 16 Marthe Dupuy Ă©crit 19 Ă©ditoriaux publiĂ©s Ă la Une de L'Ouest-Ăclair en 1916. 14Le discours tenu sur les rapports du fĂ©minin et du masculin par la presse bretonne Ă grand tirage n'apparaĂźt pas plus spĂ©cifique mĂȘme si le poids de la religion contribue Ă accentuer certains arguments. Le quotidien rĂ©publicain catholique L'Ouest-Eclair s'assure d'ailleurs en 1916 la collaboration de Marthe Dupuy, journaliste Ă L'Intransigeant. Une division sexuĂ©e du travail s'opĂšre alors au sein de la rĂ©daction du journal. Ă l'Ă©ditorialiste fĂ©minine16 Ă©choit la question fĂ©minine » traitĂ©e essentiellement sur le mode de la morale, de la compassion et de la tendresse. Aux Ă©ditorialistes masculins est rĂ©servĂ© le commentaire de l'actualitĂ© militaire, Ă©conomique et politique, souvent traitĂ©e dans un registre virulent. Au fil de ses Ă©ditoriaux, Marthe Dupuy dĂ©veloppe une conception double du rĂŽle de la femme en ces temps de guerre. Elle est tout d'abord celle qui doit assurer son rĂŽle d'Ă©pouse, de mĂšre fidĂšle aux valeurs chrĂ©tiennes, admirative de la vie du Christ souvent mise en parallĂšle avec celle du soldat au front. Pour une veuve de guerre enceinte, elle Ă©crit 17 L'Ouest-Ăclair, 19 fĂ©vrier 1916. La maternitĂ© vous ramĂšnera, petite maman, le soleil que vous croyez Ă©teint, en vous redonnant dans les yeux du nouveau-nĂ© qui bientĂŽt s'ouvriront le regard de Celui qui dort dans la terre de France, le bon sommeil du sublime Ouvrier au repos aprĂšs la tĂąche17 ». 18 Ibidem, 29 mars 1916. 19 Ibidem, 28 avril 1916. 20 Ibidem, 6 mai 1916. 15DĂ©nonçant le bombardement par les Autrichiens de Ferrare et de Ravenne comme le massacre des Innocents », elle en appelle Ă toutes les femmes dont l'Ă©poux offre noblement au feu une poitrine oĂč bat un cĆur honnĂȘte et magnifique. J'en appelle Ă toutes les mĂšres devant lesquelles j'Ă©voque l'image de cette mĂšre italienne tenant, Ă©tendu sur ses genoux, le corps inerte de son fils... Mater, Mater Dolorosa !18 ». Mais la guerre fait naĂźtre une femme nouvelle, partout la femme se lĂšve dans l'ombre du guerrier19 » et la femme de 1916 ne ressemble plus que de fort loin Ă la femme de 1914. La blouse d'infirmiĂšre et le vĂȘtement sobre l'emportent en nombre sur la silhouette bayadĂšre tout comme le dĂ©vouement tangible et le raisonnement pratique l'emportent sur le verbiage lĂ©ger et l'inconscient Ă©goĂŻsme de jadis20 ». S'interrogeant sur l'avenir de cette femme rĂ©vĂ©lĂ©e par la guerre, Marthe Dupuy Ă©crit 21 Ibidem, 28 avril 1916. la vraie femme de France restera ce qu'elle a toujours Ă©tĂ© le modĂšle des mĂšres, la digne compagne du soldat rentrĂ© dans ses foyers, l'Ăąme de la maison mais [...] la femme a dĂ©sormais le droit d'ĂȘtre considĂ©rĂ©e selon sa valeur. Le rire Ă son Ă©gard, le sourire mĂȘme serait injure. Elle n'est plus l'adjointe de l'homme. Elle a fait ses preuves. Elle est son Ă©gale21 ». 22 Ibidem, 6 mai et 12 juin 1916. 23 Ibidem, 30 juin 1916. 24 Ibidem, 31 mai et 16 juillet 1916. 25 Ibidem, 27 dĂ©cembre 1916. 16Mais de ces principes Ă©noncĂ©s, l'Ă©ditorialiste de L'Ouest-Eclair tire des propositions ambivalentes, voire contradictoires. Si elle souhaite que la femme puisse voter sous certaines conditions22, elle fait le vĆu qu'elle puisse retourner Ă la terre23, Ă©lever dignement ses nombreux enfants24, et que lui soit Ă©pargnĂ© le travail Ă l'usine25. Ce programme est sans doute le reflet implicite des attentes du lectorat du journal. En fĂ©vrier et mars 1918, L'Ouest- Eclair lance un dĂ©bat sur le vote des femmes, publie des rĂ©ponses de lectrices et conclut par un avis nĂ©gatif assorti d'une critique de la position de Louise Bodin jugĂ©e dangereuse pour la famille. 26 L'Ouest-Ăclair, 9 mars et 16 mai Nouvelliste de Bretagne, 14 aoĂ»t 1918 et 25 avril 1916 ... 27 Par exemple Ă FougĂšres en 1917 ; voir Olivier Martin, FougĂšres en guerre, 1914-1918, maĂźtrise, Ren ... 28 L'Ouest-Ăclair, novembre-dĂ©cembre 1916. 29 Le Phare de la Loire, 28 mai et 27 juin 1917. 17La multiplication des Ă©loges, des marques de reconnaissance Ă l'Ă©gard des femmes ne remet donc pas en cause les conceptions traditionnelles de leur rĂŽle. Cette rĂ©sistance du temps long » peut mĂȘme trouver des arguments dans la mĂ©fiance, la crainte, la peur qui s'expriment aussi Ă l'encontre des femmes pendant la guerre. Le plus banal est le rappel de la frivolitĂ© fĂ©minine qui conduit Ă condamner l'Ă©volution de la mode26. Des rĂ©serves, voire de l'hostilitĂ©, au sujet de l'emploi des femmes dans les usines sont formulĂ©es par des organisations ouvriĂšres27 et par la presse qui s'efforce de dĂ©fendre le travail Ă domicile jugĂ© sans doute plus conforme Ă la condition fĂ©minine28. Un vĂ©ritable antifĂ©minisme transparaĂźt mĂȘme chez certains faiseurs de l'opinion publique. Maurice Schwob, le directeur du quotidien nantais Le Phare de la Loire, estime au printemps 1917 que les grĂšves des ouvriĂšres sont soutenues ou fomentĂ©es par les Allemands qui profitent de leur innocence. Il rĂ©cidive Ă propos des troubles dans les gares dont il attribue l'origine aux prostituĂ©es, manipulĂ©es par les Boches », qui feraient boire les soldats permissionnaires29. 18De 1914 Ă 1918, le consensus national s'impose mĂȘme dans les images. En Bretagne, comme ailleurs, la femme est reprĂ©sentĂ©e, majoritairement, comme l'auxiliaire dĂ©vouĂ©e, fidĂšle, de l'homme-soldat qui la protĂšge. Cette conception dominante est rĂ©sumĂ©e, jusqu'Ă la caricature, dans le discours de clĂŽture de l'Union RĂ©gionaliste Bretonne Ă ChĂąteaubriant en septembre 1917 30 CongrĂšs de ChĂąteaubriant, 13-17 septembre 1917 », dans Bulletin de l'Union RĂ©gionaliste Bretonne ... Que les absents ne regrettent rien tandis qu'au front de bandiĂšre, ils tiennent le fusil, ils lancent la grenade, ils servent Ă mĂȘme que veux-tu l'obus et la marmite aux Boches, les femmes, en cette circonstance, comme partout, se sont chargĂ©es de venir en nombre tenir gaiement leur place, et nous aurons eu, nous autres Ă ChĂąteaubriant, la bonne fortune de votre premier congrĂšs de guerre, que retiendront peut-ĂȘtre vos annales sous le doux nom de CongrĂšs des Dames30 ». AprĂšs la guerre, la virilisation des images de la Bretagne 31 Myriam Baron, La symbolique des espaces mortuaires. Les monuments aux morts de la guerre 1914- 191 ... 32 Tristan Perreau, Les monuments aux morts de la guerre de 1914-1918 dans l'arrondissement de ChĂątea ... 33 Pour le dĂ©partement de l'Ille-et-Vilaine, j'ai retenu pour composer cet Ă©chantillon les 111 monume ... 34 Antoine Prost, Les monuments aux morts », dans Pierre Nora, Les lieux de mĂ©moire I. La RĂ©publiqu ... 35 HervĂ© Moisan, Sentinelles de pierre. Les monuments aux morts de la guerre de 14-18 dans la NiĂšvre, ... 36 Breiz Atao, janvier-fĂ©vrier 1923, p. 1. 19L'empreinte de la Grande Guerre sur les reprĂ©sentations du fĂ©minin et du masculin peut ĂȘtre Ă©valuĂ©e Ă partir de ces tĂ©moins de pierre que sont les monuments aux morts. L'Ă©tude exhaustive des monuments aux morts des cinq dĂ©partements bretons n'est pas encore rĂ©alisĂ©e. Seuls les dĂ©partements du Morbihan, de la Loire-Atlantique disposent d'inventaires accessibles et complets31. Plusieurs travaux ont portĂ© sur des cantons du FinistĂšre32, de l'Ille-et-Vilaine33 ou procĂ©dĂ© de façon alĂ©atoire pour un dĂ©partement. Il est cependant possible, actuellement, en regroupant ces diffĂ©rentes enquĂȘtes, d'interroger un corpus de 661 monuments, soit un peu plus de la moitiĂ© de ceux Ă©difiĂ©s en Bretagne. La premiĂšre remarque est que ces monuments ne distinguent pas d'emblĂ©e la Bretagne du reste de la France. 323 d'entre eux, soit 49 %, appartiennent au type gĂ©nĂ©rique de la stĂšle ou de l'obĂ©lisque dont Antoine Prost a montrĂ© la prĂ©dominance au plan national34. Si l'on prend en compte les figurations humaines, 130 statues 20 % du corpus mettent en scĂšne des soldats, 33 seulement des femmes 4,9 % souvent associĂ©es Ă un Poilu. La surreprĂ©sentation masculine paraĂźt accentuĂ©e en Bretagne. Les 564 monuments Ă©tudiĂ©s par Antoine Prost dans 35 dĂ©partements ne reprĂ©sentent que 91 Poilus de tous genres soit 16 % de l'Ă©chantillon. Dans le dĂ©partement de la NiĂšvre, Ă©tudiĂ© par HervĂ© Moisan35, les soldats ne constituent que 7,5 % des 325 monuments et les reprĂ©sentations fĂ©minines 4,3 %. Cette surreprĂ©sentation masculine bretonne est peut-ĂȘtre Ă mettre en relation avec les volontĂ©s rĂ©gionales cherchant Ă construire une mĂ©moire hĂ©roĂŻque de 14-18. Les monuments aux morts, comme la crĂ©ation du mythe des 240 000 Bretons tuĂ©s, participeraient ainsi Ă l'ultime intĂ©gration nationale de la Bretagne. Ils lisseraient les particularitĂ©s d'une rĂ©gion qui affirmerait son alliance Ă la France dans le sang versĂ©. Cette interprĂ©tation peut trouver des arguments dans l'attitude des autonomistes de Breiz Atao qui dĂ©noncent des monuments gallinacĂ©s », trop francophiles Ă leurs yeux36. 37 Jean Sannier, Aux Bretons morts pour la France », dans La Bretagne touristique, 15 novembre 1922 ... 38 Henri Quilgars, Le sabotage de l'Ăąme bretonne. Les monuments aux morts et la tradition bretonne ... 20Peu frĂ©quente, la statuaire commĂ©morative fĂ©minine devient un objet de controverse au dĂ©but des annĂ©es 1920. Alors que Jean Sannier, dans La Bretagne touristique37, considĂšre ces femmes de pierre, sculptĂ©es en costume local, comme l'expression d'une spĂ©cificitĂ© rĂ©gionale, Henri Quilgars, dans Breiz Atao, y voit au contraire le sabotage de l'Ăąme bretonne » car ces femmes gĂ©missantes malgrĂ© leur costume et leur coiffe ne sont pas bretonnes mais françaises [...]. La Française pleure peut-ĂȘtre, mais la Bretonne s'humilie en pleurant38 ». Monument aux morts de Pontrieux, inaugurĂ© en femme porte le deuil des hĂ©ros statufiĂ©s. Monument aux morts de Baud, inaugurĂ© en dans le deuil, lâhomme prĂ©cĂšde la femme 39 La Bretagne Ă Paris, en France, aux colonies, 22 aoĂ»t 1934. 40 Pierre Champion, Soldats bretons, durs soldats », dans La Bretagne Ă Paris, 18 octobre 1924, p. ... 41 Le ministre de la Marine marchande, Rio, sĂ©nateur du Morbihan, inaugure le pavillon de la Bretagne ... 42 L'Ouest-Ăclair, 5 dĂ©cembre 1934. 43 Ibidem, 11 dĂ©cembre 1934. 21Femmes en pleurs sans doute mais hommes en gloire sĂ»rement. Les constructeurs de la mĂ©moire bretonne de 14-18 Ă©rigent un panthĂ©on symbolique essentiellement masculin. La presse bretonne multiplie les hommages aux soldats bretons prĂ©sentĂ©s comme les plus valeureux de France. Le rappel de l'importance des pertes humaines, des combats glorieux sert Ă dĂ©fendre et Ă illustrer la rĂ©gion et Ă lutter contre les prĂ©jugĂ©s dont elle estime ĂȘtre la victime39. Si un hommage collectif est rendu Ă cette race batailleuse et entĂȘtĂ©e40 », quelques noms sont particuliĂšrement distinguĂ©s Jean-Pierre Calloc'h, l'amiral Ronarc'h, Jean-Julien Lemordant ou Corentin CarrĂ©. La mĂ©moire officielle peut en faire les successeurs d'une longue lignĂ©e de Bretons virils au service de la France41. Culture de guerre et dĂ©fense rĂ©gionale se mĂȘlent aussi pour faire un portrait flatteur du Capitaine Conan de Roger Vercel. Il est prĂ©sentĂ© dans L'Ouest-Ăclair comme Du Guesclin revenu pour la Grande Guerre42 » et un vrai et solide Breton sympathique en dĂ©pit de ses pires violences43 ». 44 La Bretagne Ă Paris, 29 avril 1939. 45 Ibidem, 24 juin 1939. 22Cette virilisation de l'image de la Bretagne par la mĂ©moire de 14-18 continue Ă faire du soldat le protecteur de la femme. Dans les annĂ©es 1930, les multiples dĂ©nonciations bretonnes des bĂ©cassineries » sont souvent faites au nom du souvenir des hĂ©ros de la Grande Guerre. En 1939, le film BĂ©cassine de Pierre Caron est vilipendĂ© car il jette le discrĂ©dit sur les filles et les femmes de ces soldats et marins bretons qui se sont sacrifiĂ©s dans la derniĂšre guerre44 ». Et pour en finir avec BĂ©cassine, un instituteur breton propose de remplacer au MusĂ©e GrĂ©vin cette caricature offensante par le mannequin d'un Fusilier-marin, d'un Terre-neuvas, ou encore de Corentin CarrĂ©, le plus jeune soldat mort pour la France45 ». * 23ClichĂ©s et stĂ©rĂ©otypes privilĂ©gient plutĂŽt le fĂ©minin en Bretagne avant la Grande Guerre. La saignĂ©e de 14-18 et ses enjeux de mĂ©moire met en avant le soldat hĂ©roĂŻque. DĂ©mobilisĂ©e, l'intĂ©rimaire BĂ©cassine retourne Ă ses aventures naĂŻves. Bien sĂ»r, il ne s'agit que d'images, d'une petite partie Ă©mergĂ©e des reprĂ©sentations sociales. Mais leur longĂ©vitĂ©, leur rĂ©currence, donc leur usage, sont aussi des indices de l'Ă©volution des conceptions. De ce point de vue, 14-18 apparaĂźt plus comme un moment de confrontation que de rupture dans les conceptions des rĂŽles sociaux du fĂ©minin et du masculin. En Bretagne, ce sont les profondes mutations Ă©conomiques des annĂ©es 1960 qui mettront fin au syndrome de BĂ©cassine. Notes 1 Anne Kerhuel, Les Bretonnes avaient de l'avance » dans Le Monde, 30 novembre 1978, p. 4 la femme a toujours eu, en Bretagne, une situation trĂšs supĂ©rieure Ă ce qu'elle avait dans le reste de la France en droit et en fait » ; AgnĂšs Audibert, Le matriarcat breton, puf, 1984 ; Philippe Carrer, Le matriarcat psychologique des Bretons, Payot, 1984. 2 Daniel Imbert, L'HĂŽtel de Ville de Paris genĂšse rĂ©publicaine d'un grand dĂ©cor », dans Le triomphe des mairies. Grands dĂ©cors rĂ©publicains Ă Paris. 1870-1914, MusĂ©e du Petit Palais, 1987, p. 63-71. 3 Philippe Le Stum, La Bretagne dans l'affiche touristique. 1880-1935 », dans Cahiers de l'Iroise, 1993, n° 159, p. 19-25. 4 Camille Vallaux, La Basse-Bretagne. Ătude de gĂ©ographie humaine, Ăd. CornĂ©ly et Cie, 1907, p. 71. 5 L'Illustration. 24 aoĂ»t 1904, n° 3052, p. 129. 6 Ibidem, 11 aoĂ»t 1906, n° 3311, p. 91. 7 Jean-François Botrel, La Paimpolaise histoire d'une chanson 1895-1995 », dans Le Pays de Dinan, tome XV, 1995, p. 273-303. 8 L'Illustration, 26 juin 1915, n° 3773, p. 651. 9 Ibidem, 3 juillet 1915, n° 3774, p. 1. 10 Ibidem, 26 aoĂ»t 1916, n° 3834 pour Mathurin MĂ©heut, 5 mai 1917, n° 3879 pour Jean-Julien Lemordant. 11 Refrains de guerre de Botrel le chansonnier des armĂ©es, Librairie Larousse, 1917, p. 11. 12 ThĂ©odore Botrel, Le Paimpolais » dans L'Ăcho des armĂ©es. Chants du Bivouac, novembre 1914, p. 2. 13 Louise Bodin 1877-1929 installĂ©e Ă Rennes en 1898 aprĂšs son mariage avec un professeur de l'Ăcole de MĂ©decine, suffragiste en 1913, elle est infirmiĂšre volontaire en 1915. En 1917, elle Ă©crit dans le premier numĂ©ro de La Voix des femmes ; elle lie alors fĂ©minisme, pacifisme et socialisme. Elle adhĂšre Ă la SFIO en 1918, choisit la TroisiĂšme Internationale en 1920, rompt avec la Voix des femmes en 1921. SecrĂ©taire de la fĂ©dĂ©ration dĂ©partementale du pcf d'Ille-et-Vilaine de 1921 Ă 1923, elle prend ses distances avec le parti en cours de bolchevisation et le quitte en 1927. 14 CitĂ© par Colette Cosnier, La Bolchevique aux bijoux. Louise Bodin, Pierre Horay, 1988, p. 74. 15 Caumery et Pinchon, BĂ©cassine pendant la guerre, Gautier-Languereau, 1915 ; BĂ©cassine chez les AlliĂ©s, 1917 ; BĂ©cassine mobilisĂ©e, 1918. 16 Marthe Dupuy Ă©crit 19 Ă©ditoriaux publiĂ©s Ă la Une de L'Ouest-Ăclair en 1916. 17 L'Ouest-Ăclair, 19 fĂ©vrier 1916. 18 Ibidem, 29 mars 1916. 19 Ibidem, 28 avril 1916. 20 Ibidem, 6 mai 1916. 21 Ibidem, 28 avril 1916. 22 Ibidem, 6 mai et 12 juin 1916. 23 Ibidem, 30 juin 1916. 24 Ibidem, 31 mai et 16 juillet 1916. 25 Ibidem, 27 dĂ©cembre 1916. 26 L'Ouest-Ăclair, 9 mars et 16 mai Nouvelliste de Bretagne, 14 aoĂ»t 1918 et 25 avril 1916 Ce n'est pas le moment de remettre au goĂ»t du jour la dĂ©cadence romaine ou la pourriture byzantine. La vie de notre peuple se joue sur le front [...]. Or des femmes, des mĂšres, des sĆurs de ces hommes au front se pavanent et s'affichent en des toilettes de carnaval ». 27 Par exemple Ă FougĂšres en 1917 ; voir Olivier Martin, FougĂšres en guerre, 1914-1918, maĂźtrise, Rennes 2, 1991. 28 L'Ouest-Ăclair, novembre-dĂ©cembre 1916. 29 Le Phare de la Loire, 28 mai et 27 juin 1917. 30 CongrĂšs de ChĂąteaubriant, 13-17 septembre 1917 », dans Bulletin de l'Union RĂ©gionaliste Bretonne, 1918, p. 30. 31 Myriam Baron, La symbolique des espaces mortuaires. Les monuments aux morts de la guerre 1914- 1918 dans le dĂ©partement du Morbihan, maĂźtrise de gĂ©ographie, Paris VII, 1988 ; Yves Pilven Le Sevellec, Une Ă©tude des monuments aux morts de la Loire-Atlantique », dans Visions contemporaines, n° 4, mars 1990. 32 Tristan Perreau, Les monuments aux morts de la guerre de 1914-1918 dans l'arrondissement de ChĂąteaulin, maĂźtrise d'histoire, ubo, Le Gall, Les monuments aux morts de la guerre de 1914-1918. Ătude sur trois cantons du sud-ouest FinistĂšre, maĂźtrise d'histoire, ubo, 1988. 33 Pour le dĂ©partement de l'Ille-et-Vilaine, j'ai retenu pour composer cet Ă©chantillon les 111 monuments sur 360 dans tout le dĂ©partement choisis de façon alĂ©atoire par Yves HĂ©lias, Les monuments aux morts. Essai de sĂ©miologie du politique, DEA d'Ătudes politiques, Rennes, facultĂ© des Sciences juridiques, 1977. 34 Antoine Prost, Les monuments aux morts », dans Pierre Nora, Les lieux de mĂ©moire I. La RĂ©publique, Gallimard, 1984, p. 200. 35 HervĂ© Moisan, Sentinelles de pierre. Les monuments aux morts de la guerre de 14-18 dans la NiĂšvre, Bleu autour, 1999. 36 Breiz Atao, janvier-fĂ©vrier 1923, p. 1. 37 Jean Sannier, Aux Bretons morts pour la France », dans La Bretagne touristique, 15 novembre 1922, p. 11 Ă 18. 38 Henri Quilgars, Le sabotage de l'Ăąme bretonne. Les monuments aux morts et la tradition bretonne », dans Breiz Atao, mars 1923, p. 289. 39 La Bretagne Ă Paris, en France, aux colonies, 22 aoĂ»t 1934. 40 Pierre Champion, Soldats bretons, durs soldats », dans La Bretagne Ă Paris, 18 octobre 1924, p. 1. 41 Le ministre de la Marine marchande, Rio, sĂ©nateur du Morbihan, inaugure le pavillon de la Bretagne Ă l'exposition de 1937 Comme naguĂšre les Duguay-Trouin, les La Motte-Picquet, les CoĂ«tlogon, les KerguĂ©len, les Magon, les Bisson, les Ronarc'h, les Langle de Cary, ses enfants seront toujours prĂȘts Ă lui rĂ©pondre ainsi que notre cher "Bleimor" Je suis le matelot au bossoir, le guetteur. La France m'a appelĂ© ce soir ». 42 L'Ouest-Ăclair, 5 dĂ©cembre 1934. 43 Ibidem, 11 dĂ©cembre 1934. 44 La Bretagne Ă Paris, 29 avril 1939. 45 Ibidem, 24 juin 1939. Cette publication numĂ©rique est issue dâun traitement automatique par reconnaissance optique de caractĂšres.
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Le Museum d'Histoire Naturelle de Paris sur la piste des grands singesIls sont nos plus proches cousins, et sont en pĂ©ril immĂ©diat. le Museum d'Histoire Naturelle, Ă Paris, dĂ©die une exposition aux grands singes. Les propos scientifiques et ludiques permettent de se familiariser avec ces en fĂȘte de l'art de faire Ă l'art tout courtOn le sait, les modes se suivent, se dĂ©modent, reviennent au goĂ»t du jour... Dans ce domaine, les loisirs crĂ©atifs n'Ă©chappent pas Ă la rĂšgle. Le tricot, le crochet, et mĂȘme le point de croix sont en vogue. Un phĂ©nomĂšne Ă constater au salon "Aiguilles en fĂȘte Ă Paris", et dans les ateliers d'artistes, qui ne rechignent pas Ă explorer ces procĂ©dĂ©s."Late Rembrandt" les derniĂšres oeuvres du maĂźtre au RijksmuseumLe Rijksmuseum prĂ©sente jusqu'au 17 mai 2015 la premiĂšre grande rĂ©trospective de l'Ćuvre ultĂ©rieure de Rembrandt van Rijn. Plus de cent Ćuvres de grands musĂ©es et collections privĂ©es du monde entier sont exposĂ©es Ă Amsterdam pour Late week de New York Kanye West lance une collection sportswear avec AdidasLe rappeur amĂ©ricain Kanye West a dĂ©voilĂ© au premier jour de la Fashion week de New York, une collection de baskets pour la marque allemande Adidas, les Yeezy 750 Boost et une cinquantaine de silhouettes sportives fĂ©minines ou masculines. Cet habituĂ© des premiers rangs des dĂ©filĂ©s de mode avait dĂ©jĂ lancĂ© en octobre 2011 Ă Paris une collection qui n'avait pas fait l' Torreton partage sa passion pour le théùtre avec des lycĂ©ensPhilippe Torreton est le parrain des Didascalies, le festival de théùtre lycĂ©en qui se dĂ©roule en ce moment en Dordogne. Devant 500 jeunes, il a notamment dĂ©crit sa passion pour le théùtre, et le bonheur que cet art apporte Ă ceux qui en jouent ou qui y Up Lille les visiteurs sont aussi des acheteursArt Up Lille, la grande foire d'art contemporain du Nord a ouvert ses portes au public hier et les ventes ont dĂ©jĂ commencĂ©. L'Ă©vĂ©nement attire chaque annĂ©e de nombreux visiteurs et enregistre de plus en plus de transactions. A Lille le marchĂ© de l'art contemporain se porte bien pour le plus grand plaisir des artistes et des lâOdĂ©on, l'Ă©nigmatique "Ivanov" de Luc Bondy et Micha LescotLuc Bondy monte Ivanov » de TchĂ©khov avec Micha Lescot qui fut, il y a peu, son Tartuffe ». Lescot est dĂ©jĂ sur le plateau quand le public entre assis sur une chaise, barbu, prostrĂ©, les jambes de biais, tournĂ© vers le rideau de scĂšne. Autiste ou quasiment. Qui est Ivanov ? On se le demande. Trois heures plus tard, on continue de se le de New York Winnie Harlow, Jamie Brewer, mannequins et diffĂ©rentesA la fashion week de New York les mannequins Winnie Harlow, atteinte de vitiligo, et Jamie Brewer, comĂ©dienne trisomique, ont dĂ©filĂ© sur les podiums prĂ©sentant l'automne-hiver 2015-16. Le monde de la mode est-il en train de changer et d'accepter les diffĂ©rences sur les catwalks ?Les "Mues" de Nathalie Menant rendent leur corps aux femmesDentelles prisonniĂšres du plĂątre, corps malmenĂ©s par la maladie ou les accidents de la vie, "Mues" est un hommage aux femmes qui ont souffert. Le nouveau projet de la plasticienne Nathalie Menant met les ĂȘtres en apesanteur et rĂ©concilie les femmes avec leur corps. L'exposition est Ă dĂ©couvrir Ă l'Arcades Institute de Tours, jusqu'au 21 fĂ©vrier townships Ă l'opĂ©ra, Pumeza Matshikiza signe un trĂšs beau "Voice of hope"En quelques annĂ©es, Pumeza Matshikiza a imposĂ© sa prĂ©sence et sa voix chaude de soprano venues d'ailleurs dans le monde de l'opĂ©ra. Des townships du Cap aux ors des théùtres du monde, sa trajectoire est singuliĂšre, mais la Sud-Africaine n'a rien oubliĂ© de ses origines. Pour preuve, un premier disque, "Voice of Hope", dans lequel elle offre une large place aux musiques traditionnelles de son pays. Rina Kanehara reçoit l'un des prestigieux prix de Lausanne future Ă©toile ?Devenir danseuse professionnelle, Ă©toile. C'est le rĂȘve de toutes les petites filles qui pratiquent les danses classique ou contemporaine. Ă 17 ans, Rina Kanehara s'en approche, en se voyant dĂ©cerner un des prix du prestigieux Concours de Diaz Morales dans la nouvelle vague de la vidĂ©o contemporaineLe Fresnoy, Studio national d'art contemporain Ă Tourcoing, propose une rĂ©trospective de l'oeuvre du vidĂ©aste Sebastian Diaz Morales, au travers de huit installations."Mimi" "La BohĂšme" de Puccini revisitĂ©e au Grand Théùtre de ProvenceLe Grand Théùtre de Provence propose de redĂ©couvrir l'esprit de l'opĂ©ra "La BohĂšme" de Puccini, dans un spectacle musical qui en revendique l'Ă©vocation, sans tomber dans l'adaptation. "Mimi" est une oeuvre moderne, contemporaine, sur ce thĂšme universel de l' premiĂšre biennale d'art dans le bidonville de Dharavi Ă BombayLe bidonville de Bombay, rendu cĂ©lĂšbre par le film "Slumdog Millionaire", organise sa premiĂšre biennale avec la volontĂ© de promouvoir la santĂ© au travers de l'art. Pendant trois semaines, les habitants de Dharavi, l'un des plus grands bidonvilles d'Asie situĂ© au coeur de la capitale Ă©conomique de l'Inde, exposent leurs oeuvres. "Les amoureux de Peynet", hommage Ă un certain romantisme Ă ParisLes Amoureux de Peynet symbolisent l'avĂšnement de la Saint-Valentin comme fĂȘte du romantisme, en connaissant un succĂšs Ă©norme dans les annĂ©es 60 et 70. Aujourd'hui encore leurs silhouettes nous sont familiĂšres. Une galerie Ă Paris propose une exposition qui leur est Donetsk, pendant la guerre, le spectacle continue Ă l'OpĂ©raLa vie tente de continuer bon grĂ© mal grĂ© Ă Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine. MalgrĂ© les circonstances, l'OpĂ©ra de la ville n'a pas complĂštement cessĂ© de proposer des reprĂ©sentations, comme ce samedi, Ă la veille du Bruni Tedeschi au théùtre dans une piĂšce de FassbinderL'actrice et rĂ©alisatrice Valeria Bruni Tedeschi revient au théùtre dans "Les larmes amĂšres de Petra von Kant" de Fassbinder, mis en scĂšne par Thierry de Peretti au Théùtre de l'Ćuvre, oĂč elle se rĂ©jouit de pouvoir "tomber le masque"."Sans rancune", le vaudeville Ă la sauce Daniel RussoLe Théùtre du Palais-Royal affiche "Sans Rancune", une piĂšce de boulevard de Sam Bobrick et Ron Clark, mise en scĂšne par SĂ©bastien Azzopardi. Daniel Russo y tient le rĂŽle principal aux cĂŽtĂ©s de Anne Jacquemin, Xavier Letourneur et David Talbot. La piĂšce raconte l'histoire d'un milliardaire quittĂ© par sa femme qui a trouvĂ© l'amour auprĂšs d'un serveur. Un vaudeville qui se veut Ă©chevelĂ©. La 8e Ă©dition dâArt-Up a tenu ses promessesPlus de visiteurs-acheteurs sont venus Ă ce grand supermarchĂ© hivernal de lâart contemporain. On estime Ă 25% lâaugmentation du montant des transactions. 104 galeristes français et 27 Ă©trangers dont 18 belges se sont partagĂ©s les mÂČ dâ architectes au service de la mode Ă la villa Noailles Ă HyĂšresPour son 30e anniversaire, la Villa Noailles met la mode Ă lâhonneur avec "Archimode. 6 architectures pour la mode". L'exposition explore les analogies entre le travail de crĂ©ateurs de mode et celui des architectes au travers de six projets Chanel, Prada, Isabel Marant, Kris Van Assche, Damir Doma et Français qui veulent réécrire "La Marseillaise" aprĂšs CharlieUne pĂ©tition, des pages sur les rĂ©seaux sociaux, des articles dans la presse, le dĂ©sir de nombreux citoyens de modifier les paroles de la Marseillaise ne date pas d'hier. Pourtant les Ă©vĂ©nement de janvier dernier ont ravivĂ© le sentiment de beaucoup qu'il ne faut pas rĂ©pondre Ă la violence par des paroles porteuses elles-mĂȘmes de division alors que le but d'un hymne est justement d' les musĂ©es bannissent les perches Ă selfieLes musĂ©es amĂ©ricains sont en train d'interdire les perches Ă selfies, craignant pour la tranquillitĂ© de leur public et pour l'intĂ©gritĂ© de leurs Ćuvres, rapporte la presse amĂ©ricaine. GĂ©rald Dahan "Les politiques ont tellement de dĂ©fauts quâils en deviennent attachants"Lâhumoriste aux 500 canulars est au théùtre Montparnasse jusquâau 15 mars. Il y reprend certains de ses appels et laisse le public libre de choisir des chansons et les imitations qui vont avec. Il Ă©tait lâinvitĂ© des "Cinq derniĂšres minutes" du Journal de 13 heures de France 2Jean et Charles d'OrlĂ©ans, pĂšre et aĂŻeul de François 1er, rĂ©inhumĂ©s Ă AngoulĂȘmeUne cĂ©rĂ©monie de rĂ©inhumation a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©e le 15 fĂ©vrier 2015 en la cathĂ©drale d'AngoulĂȘme. Les ossements de Jean et de Charles d'OrlĂ©ans ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s au pied d'un pilier de l'Ă©difice. DĂ©couverts en 2011, ils avaient Ă©tĂ© identifiĂ©s comme Ă©tant ceux du pĂšre et du grand pĂšre du roi François musĂ©e du parfum Fragonard un ancien manĂšge vĂ©locipĂ©dique pour Ă©crinA deux pas de lâOpĂ©ra Garnier, dans un lieu insolite qui fut au XIXe siĂšcle lâEden Théùtre, puis un manĂšge vĂ©locipĂ©dique, s'installe un musĂ©e du parfum. Visite du chantier avec le parfumeur Fragonard qui a conservĂ© au lieu sa modernitĂ© industrielle du XIXe siĂšcle en attendant d'humer, dĂšs l'Ă©tĂ© prochain, ans d'histoire du parfum."La maison dâĂ cĂŽtĂ©", un thriller Ă©motionnel qui vire de la comĂ©die au drameCréée en 2011 Ă Broadway, cette piĂšce de Sharr White Ă©voque la dĂ©rive dâune femme brillante qui peu Ă peu perd ses repĂšres Ă cause de troubles mentaux. Lâamour de son mari lâaidera Ă reprendre pied. L'art vestimentaire des rois de la dĂ©barque au Palais de TokyoLes rois de la sont venus du Congo pour rendre hommage Ă Yohji Yamamoto et Jean-Charles de Castelbajac, dieux de la mode auxquels ils vouent un culte absolu. Les membres du mouvement nĂ© dans les annĂ©es 60 Ă Brazzaville, qui Ă©rigent le vĂȘtement au rang d'Ćuvre, ont investi le Palais de Tokyo, le temps d'un dĂ©filĂ©, dans le cadre de lâexposition Le Bord Des Mondes. A dĂ©couvrir jusqu'au 17 maiGustav Klimt et la SĂ©cession viennoise Ă la PinacothĂšqueAutour de Gustav Klimt, une de ses principales figures, la PinacothĂšque de Paris prĂ©sente la SĂ©cession viennoise, courant autrichien de l'Art nouveau qui s'est dĂ©veloppĂ© au tournant du XXe siĂšcle en rĂ©action Ă l'art acadĂ©mique avec l'objectif de crĂ©er un art total. Au cĆur de l'exposition, une copie de sa "Frise Beethoven" et une de ses peintures les plus cĂ©lĂšbres, "Judith".Takis, un artiste magnĂ©tique au Palais de TokyoIl affole les boussoles, fait jouer de la musique par des aiguilles et flotter des cĂŽnes mĂ©talliques Ă quelques centimĂštres d'une toile le Palais de Tokyo consacre une spectaculaire rĂ©trospective Ă Takis, 90 ans, le grand magnĂ©tiseur. L'exposition "Champs magnĂ©tiques" est Ă dĂ©couvrir du 18 fĂ©vrier au 17 mai 2015. La course aux paradis perdus Ă lâopen des artistes de MonacoLa galerie l'EntrepĂŽt de Monaco accueille jusqu'au 10 mars 2015 la cinquiĂšme Ă©dition du concours des artistes de Monaco. Venus du monde entier, ils Ă©taient 121 sur la ligne de dĂ©part. Peintres, sculpteurs, photographes ou encore performers, ils ont tous produit une Ćuvre originale sur le thĂšme Ă©vocateur des paradis perdus sĂ©lectionnĂ©e par un jury de professionnels et par les internautes.>
Kerhallet Le livre de BD remis Ă ses auteurs; Maison de quartier. Le livre des 40 ans; Sous le signe de la danse. Examens rĂ©ussis ! Budokan. Un stage de NoĂ«l bien suivi; CLCV. Une super fĂȘte de NoĂ«l Ă Quizac; Griedge Mbock. Un beau cadeau de NoĂ«l Ă lâĂ©cole de Kerbernard; Ăcole de Pen ar Streat. CrĂ©ation dâun concert jeune public
En cette fin de centenaire, rappelons nous du parcours de Jean CORENTIN, l'enfant soldat. Corentin Jean CarrĂ© nĂ© au FaouĂ«t le 9 janvier 1900 et mort le 18 mars 1918 Ă Verdun, est considĂ©rĂ© comme le plus jeune poilu de France. En 1914, lorsquâĂ©clate le conflit, Jean-Corentin CarrĂ© nâest quâun enfant du FaouĂ«t, un petit village du Morbihan, dans le centre de la Bretagne. NĂ© en 1900 dans une famille modeste de journalier agricole, il se dĂ©marque par son intelligence et son esprit dĂ©brouillard. "CâĂ©tait un Ă©lĂšve brillant pour lâĂ©poque. Il a eu son certificat dâĂ©tudes Ă 12 ans avec les fĂ©licitations du jury et a ensuite Ă©tĂ© employĂ© chez le percepteur", raconte Pierre Palaric, le prĂ©sident de lâassociation MĂ©moire du pays du FaouĂ«t, dont le propre pĂšre a cĂŽtoyĂ© Jean-Corentin dans la cour de lâĂ©cole communale. Lorsque le pĂšre de ce dernier est appelĂ© Ă rejoindre le front, le fils veut aussi dĂ©fendre sa patrie et en dĂ©coudre avec les Allemands, mais il est alors beaucoup trop jeune. Sa demande dâengagement volontaire est refusĂ©e par le maire du village. Jean-Corentin CarrĂ© ne se laisse pas pour autant dĂ©courager. En avril 1915, il explique Ă sa famille quâil veut embarquer pour lâAmĂ©rique du Sud, mais câest en fait Ă Pau quâil pose ses bagages. Toujours dĂ©cidĂ© Ă porter lâuniforme, il se prĂ©sente au bureau de recrutement sous le faux nom dâAuguste Duthoy. Pour ne pas Ă©veiller les soupçons, il dĂ©clare ĂȘtre nĂ© Ă Rumigny dans le dĂ©partement des Ardennes, alors occupĂ© par lâarmĂ©e allemande. Aucune vĂ©rification nâest donc possible. MalgrĂ© son visage enfantin, Jean-Corentin atteint son objectif. Il est incorporĂ© au 410e RĂ©giment dâinfanterie Ă Rennes oĂč il retrouve ses compatriotes bretons. Jean-Corentin CarrĂ© se dĂ©marque aussi trĂšs vite sur le front. Dans son carnet de route oĂč il consigne son vĂ©cu dans les tranchĂ©es, dans le secteur du Mesnil-lĂšs-Hurlus dans la Marne, il raconte ses premiĂšres reconnaissances en novembre 1915 "Je sors tout seul, baĂŻonnette au canon et cartouches dans les poches. Je traverse des tranchĂ©es dĂ©molies et pleines de cadavres que je suis obligĂ© de piĂ©tiner. [âŠ] Je vois un Boche Ă cinquante mĂštres de moi courir dans la direction de ses lignes. Je tire, lâombre continue Ă courir puis sâĂ©vanouit Ă mes yeux. [âŠ] Je rentre vivement et je vais rendre compte de ma mission au capitaine, qui me fĂ©licite." RemarquĂ© par ses supĂ©rieurs, il est nommĂ© caporal puis sergent. Il est mĂȘme citĂ© Ă lâordre du corps dâarmĂ©e et obtient la croix de guerre. Mais quelques jours avant son 17e anniversaire, le poids de sa fausse identitĂ© lui pĂšse trop et il dĂ©cide de rĂ©vĂ©ler la supercherie Ă son colonel par une lettre "Je vous Ă©cris pour vous demander sâil me serait possible ayant lâĂąge rĂ©glementaire de reprendre mon vĂ©ritable nom. [âŠ] Je ne suis pas plus patriote quâun autre, mais je considĂšre quâun Français, lorsquâil est assez fort pour faire un soldat, est un lĂąche sâil reste Ă lâarriĂšre". GrĂące Ă la bienveillance de son officier supĂ©rieur, Jean-Corentin CarrĂ© rĂ©intĂšgre lâarmĂ©e en fĂ©vrier 1917, sous son vrai nom, et il est mĂȘme promu adjudant. DĂ©sormais aguerri au combat dans les tranchĂ©es, le Breton souhaite rejoindre la prestigieuse aviation. Le petit paysan du Morbihan obtient son brevet de pilotage. "On lâa autorisĂ© Ă entrer dans lâaviation comme rĂ©compense pour ses actions dâĂ©clat. Il sâĂ©tait fait remarquer en se portant toujours volontaire. Il a dĂ» prendre le goĂ»t de lâaviation en voyant les combats aĂ©riens au-dessus de sa tĂȘte. Cela correspondait Ă ce quâil voulait, prendre des risques mais pour lui seul. Il le disait, il voulait 'semer lâeffroi et la terreur chez les boches'". Jean Corentin Ă bord de son avion d'entrainement. Mais le quotidien dâun pilote est encore plus dangereux que celui dâun "simple trouffion". La durĂ©e de vie des pilotes est Ă ce moment de seulement trois mois. AffectĂ© Ă un avion dâobservation Jean-Corentin CarrĂ© ne dĂ©roge pas Ă cette funĂšbre rĂšgle et pĂ©rit lors dâune mission en 1918. "Adjudant CarrĂ© Jean-Corentin, du 410e rĂ©giment d'infanterie, pilote Ă l'escadrille SO 229 attaquĂ© par trois avions ennemis, le 18 mars, s'est dĂ©fendu Ă©nergiquement jusqu'Ă ce que son appareil soit abattu, l'entraĂźnant dans une mort glorieuse", rĂ©sume sa troisiĂšme et ultime citation. Un hĂ©ros national En quelques mois, le petit Ă©colier du FaouĂ«t devient un hĂ©ros en Bretagne et dans toute la France. Deux biographies lui sont consacrĂ©es. Ă la demande du ministĂšre de lâInstruction publique, une affiche est mĂȘme rĂ©alisĂ©e en 1919 pour cĂ©lĂ©brer sa gloire dans les salles de classe. Les enfants des Ă©coles rendant hommage aux jeune Jean Corentin CARRE dans la commune Bretonne du Faouet. Source WikipĂ©dia / France 24 Pour les plus jeunes de 7 Ă 77 ans est sortie une BD sur ce jeune hĂ©ros,
dendroits, des grandes affiches à la programmation la plus pointue, tout le monde peut y trouver son bonheur. Il est temps de retourner flùner au vent de nos festivals et, pour vous y aider, on vous a concocté un petit guide (non-exhaustif) des temps forts de notre été tourangeau. Découvrez le programme dans notre numéro 420 de tmv, à télécharger JUSTE
En cette annĂ©e du centenaire de la premiĂšre guerre mondiale nombreux sont les livres, articles, Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es et bandes dessinĂ©es qui rendent hommage au souvenir de cet horrible conflit qui ne fut quâune interminable boucherie orchestrĂ©e par les grands » qui nous gouvernent. Cet album nous raconte lâhistoire vĂ©ridique de Jean-Corentin CarrĂ© qui fut lâun des plus jeunes combattants de lâĂ©poque dans lâarmĂ©e française. En aoĂ»t 1914 Jean a 14 ans et dĂ©ambule dans les rues de son village, LE FAOUĂT dans le Morbihan; il doit rentrer dĂ©jeuner pour dire au revoir Ă son pĂšre qui part Ă la guerre. Les adieux sont teintĂ©s de patriotisme, dâorgueil masculin et de revanche aprĂšs la dĂ©faite lors de la guerre de 1870. Seule la mĂšre du jeune Jean, dont les yeux reflĂštent la peur qui lâĂ©treint, se tient en retrait. Lors de la parade de dĂ©part des soldats elle rĂ©pondra au dĂ©sir dâaller dĂ©fendre son pays exprimĂ© par Jean » ne sois pas pressĂ© dâaller en enfer, mon fils! . Jean va alors montrer son intelligence et sa volontĂ©! il va dire Ă ses parents quâil part trouver fortune en AmĂ©rique du Sud mais se rend Ă Pau oĂč, sous un faux nom, il va rĂ©ussir Ă sâengager; il a 15 ans. DĂšs lors il va se retrouver sous le feu des allemands, crapahutant dans les tranchĂ©es et faire lâexpĂ©rience de la guerre dans toute son horreur. Le scĂ©nario de Pascal Bresson mĂ©langeant les scĂšnes de combat et le rĂ©cit du parcours du jeune Jean CarrĂ© de son village Ă lâengagement, est admirablement construit. De leur cotĂ© les dessinateurs, StĂ©phane Duval et Lionel Chouin, donnent une vue plus que rĂ©elle de la guerre des tranchĂ©es; les assauts des soldats sortant, baĂŻonnette au canon, de leur trou au coup de sifflet de lâofficier, les hommes fauchĂ©s par les moulins Ă cafĂ© » mitrailleuses allemands, dĂ©membrĂ©s vivants par les moineaux » obus, les gaspards » rats grouillant sur les cadavres qui, comme le racontera Jean dans un courrier Ă sa mĂšre, grignotent ce qui reste sur les os. On en arrive a sentir lâodeur de pestilence et de mort Ă la simple vue de ces images si crĂ©dibles. Cet album est le premier tome dâun triptyque consacrĂ© Ă cet enfant qui deviendra un homme en lâespace de quelques semaines et qui, comme beaucoup, partit au combat avec des idĂ©es de patriotisme sans sâimaginer ce que la bĂȘtise des nations peut coĂ»ter au peuple. Un trĂšs beau document qui donne bien Ă rĂ©flĂ©chir Ă lâheure actuelle oĂč les conflits fleurissent de partout comme chrysanthĂšmes au cimetiĂšre un premier novembre. Jâattends le deuxiĂšme tome avec impatience. JEAN-CORENTIN CARRE, LâENFANT SOLDAT â TOME 1 â PARUTION 8 OCTOBRE 2014 EDITIONS PAQUET â COLLECTION MEMOIRE 1914-1918 â PRIX DE VENTE 13,50 ⏠DESSINS StĂ©phane Duval & Lionel Chouin SCENARIO Bresson COULEUR Jean-Luc Simon JR
CorentinJean CarrĂ© nĂ© au FaouĂ«t le 9 janvier 1900 et mort le 18 mars 1918 Ă Verdun, est considĂ©rĂ© comme le plus jeune poilu de France . En 1914, lorsquâĂ©clate le conflit, Jean-Corentin CarrĂ© nâest quâun enfant du FaouĂ«t, un petit village du Morbihan, dans le centre de la Bretagne. NĂ© en 1900 dans une famille modeste de
Le 18 mars 2018 au FAOUĂT 56320lâAETA Bretagne rendra hommage avec son Drapeau au plus jeune Poilu de France mort en combat aĂ©rien il y a 100 ansLes arpĂštes sont attendus pour cet hommage dans le cadre du devoir de mĂ©moire cher Ă lâAETASoldat Ă quinze ans, sergent dĂ©corĂ© Ă seize, adjudant Ă dix-sept, tuĂ© Ă lâennemi Ă dix-huit, telle fut la vie de Jean Corentin Corentin CARREDe tous les morts inscrits sur le monument aux morts du FaouĂ«t Morbihan, il en est un dont le nom vivra dans lâHistoire de France, câest celui de Jean-Corentin CarrĂ©, dit le Petit Poilu du FaouĂ«t », mort Ă lâennemi dans son avion en flammes, Ă lâĂąge de dix-huit ans. Son exemple mĂ©rite dâĂȘtre citĂ©, en particulier aux enfants des Ă©coles, câest pourquoi un hommage lui sera rendu le 18 mars 2018, date du centenaire de sa mort au FaouĂ«t le 9 janvier 1900 Jean Corentin CarrĂ©, bien que son pĂšre fĂ»t un pauvre journalier, frĂ©quenta assidĂ»ment lâĂ©cole jusquâĂ douze ans, puis entra comme petit commis chez le percepteur quâil suit lorsque ce dernier fait mouvement sur MaulĂ©on PyrĂ©nĂ©es Atlantiques. Vint la guerre. Jean-Corentin CarrĂ©, dĂšs les premiers jours, voudrait sâengager, mais il nâa que quatorze ans alors que lâĂąge lĂ©gal est de dix-sept. Il essaye alors dâobtenir des papiers au nom de son frĂšre plus ĂągĂ© ; il nây rĂ©ussit pas. Mais le 27 avril 1915, Ă quinze ans et trois mois, il est plus heureux ; il tente en effet le tout pour le tout auprĂšs du bureau de recrutement, en ayant recours Ă un subterfuge. Pour ne pas Ă©veiller les soupçons, il dĂ©clare sâappelĂ© Auguste DUTHOY, ĂȘtre nĂ© Ă Rumigny Ardennes, dĂ©partement alors occupĂ© par lâarmĂ©e allemande. Aucune vĂ©rification nâĂ©tant possible, il est engagĂ© au 410Ă©me dâ 20 octobre 1915, il part pour le front Ă Sainte-Menehould. Portant allĂšgrement son barda » et ne le cĂ©dant en rien aux vieux brisquards. Le 29 octobre, Jean-Corentin CarrĂ© reçoit le baptĂȘme du feu. Je nâai pas eu peur » note-t-il sur son journal ». Le 15 novembre il monte en premiĂšre ligne et tout aussitĂŽt il est volontaire pour toutes les missions. AprĂšs avoir tenu les secteurs de Mesnil-les-Hurlus, de Somme-Tourbe, de Somme-Suippe jusquâen mai 1916, le 410Ăšme prend position entre la ferme de Thiaumont et la cĂŽte du Poivre, en avant de la cĂŽte de Froideterre et du fameux ravin de la Mort. Le 19 juin 1916 ; il est sergent il a juste seize ans et demi, pas encore lâĂąge officiel dâĂȘtre 15 novembre, le Petit Poilu, qui a pour mission de couper les barbelĂ©s ennemis, fait un prisonnier allemand, ce qui lui vaut de chaudes fĂ©licitations et une citation Ă lâordre du corps dâarmĂ©e. Il a la croix de guerre et ses dix-sept ans tant attendus DUTHOY voudrait reprendre son nom, aussi le 29 dĂ©cembre 1916 il adresse la lettre suivante Ă son colonel Mon identitĂ© est fausse. Je ne suis pas le sergent Auguste DUTHOY. Je mâappelle CarrĂ© Jean-Corentin je suis nĂ© Ă Le FaouĂ«t Morbihan, le 9 janvier 19O0. Jâaurai 17 ans le 9 janvier prochain. Je vous Ă©cris pour vous demander sâil ne me serait pas possible, ayant lâĂąge rĂ©glementaire, de reprendre mon vĂ©ritable nom sans quitter le front. Je prĂ©fĂ©rerais rester Ardennais jusquâĂ la fin de la guerre et sans que mes chefs directs sachent la vĂ©ritĂ©. Je ne suis pas plus patriote quâun autre, mais je considĂšre quâun Français, lorsquâil est assez fort pour faire un soldat, est un lĂąche sâil reste Ă lâ colonel, je suis, sous vos ordres, le serviteur de la France ».Jean-Corentin jours plus tard, en rĂ©ponse, le colonel nommait le sergent DUTHOY adjudant. Le changement de nom sâeffectue, mais lâadjudant DUTHOY devient le soldat CarrĂ©. Toutefois, en quelques jours, le colonel lui rend, lâun aprĂšs lâautre, tous ses grades. Le 16 avril, le 410Ăšme attaque les Cavaliers de Courcy, et la compagnie de CarrĂ© est citĂ©e Ă lâordre de lâarmĂ©e, ayant fait cinquante prisonniers, enlevĂ© un canon, deux minenwerfer » et deux mitrailleuses. Le16 juin, nouvelle attaque qui vaut au Poilu sa seconde citation Ă lâordre de lâ 20 juin, sur sa demande, il passe dans lâaviation. Je saurai montrer aux aviateurs, dit-il, ce que vaut un Breton du 410Ăšme ».PassionnĂ© pour sa nouvelle arme, il fait preuve des plus belles qualitĂ©s militaires et conquiert rapidement son brevet de pilote. Au mois de fĂ©vrier 1918 il revint en il a le pressentiment de sa mort. Un soir, chez sa sĆur, Ă la fin du repas, il grave ces mots sur la table CarrĂ© Jean, tuĂ© le 22 mars ». Il ne se trompait guĂšre. Le 18 mars, en effet, il tombait prĂšs de Souilly, accomplissant un dernier exploit prĂšs de ce Verdun quâil avait dĂ©fendu comme fantassin. Voici sa derniĂšre citation posthume Adjudant Jean-Corentin CarrĂ©, du 410Ăšme rĂ©giment dâinfanterie, pilote Ă lâescadre par trois avions ennemis, le 18 mars, sâest dĂ©fendu Ă©nergiquement jusquâĂ ce que son appareil soit abattu, lâentraĂźnant dans une mort glorieuse.
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affiche à la gloire de jean corentin carré